Avec mes copines de tricot, Michèle et Chantal, nous sommes allées à Marseille à la rencontre d'Anna/ Délitmaille pour faire Woolstock et préparer la Wool War 1.
Je vous l'ai longuement décrit au post précédent.
Mais avant de faire la guerre, nous sommes allées faire un tour à la boutique de la Droguerie que je ne connaissais pas.
Ici c'est comme à l'habitude le domaine des belles couleurs et des jolies matières.
La boutique n'est pas très grande mais on y retrouve tous les produits vendus à Paris.
Il me semble que les prix ne sont pas tout à fait les mêmes, ou alors ils ont monté récemment.
Après le fameux comptoir en bois, on passe dans l'arrière salle avec toutes les perles et les boutons.
On accède ensuite à la mezzanine où sont rangés les laines de l'autre saison
Nous arrivons ensuite, très raisonnablement chargées de laine, vers le point de rdv, un café où nous allons occuper longuement et joyeusement l'immense arrière salle.
Anna est déjà là, à côté de Fannie
Nous sommes une douzaine et faisons les présentations. Il y a des Marseillaises, de Toulonnaises, des Hyèroises, des Cannoises. Des jeunes, des moins jeunes, certaines sont venus avec leur mari, d'autres avec leur enfant.
La Wool War 1 c'est d'abord une histoire de rencontres :
Il y a Christiane, qui est allemande et qui est entrée dans l'aventure en demandant, non si elle pouvait participer mais si elle avait le droit de participer.
Il y a Maman Canard, qui est venue avec la photo et la plume de son canard, embarqué symboliquement dans l'aventure.
Il y a Anne, venue de Dakar et qui a amené son jeune fils qui a participé avec nous
Il y a aussi Fannie qui nous a montré la photo de son arrière grand père, Clément, rentré dans les Zouaves
Céline, nous a parlé de son arrirèe grand père, Henri qui a épousé son arière grand mère Pauline durant la guerre .
Elle a retrouvé les cartes postales que cette dernière lui a écrites et en a fait un joli livre qu'elle a ensuite distribué aux membres de sa famille.
J'ai lui les différentes lettres et j'ai soudain réalisé qu'elles étaient toutes écrites par Pauline et donc que c'étaient celles qu'Henry avait avec lui au Front. Elles étaient toutes avec lui, contre lui, nécessaire réconfort. Elles étaient allées au Front, et elles en étaient revenues, intactes et elles avaient été gardées dans la famille 100 ans !
J'ai été fort émue de les lire, témoignage d'amour, d'un particulier, mais témoignage de l'histoire d'une famille et témoignage du temps qui passe et de l'Histoire et de la Mémoire.
Céline, qu'on voit sur la photo, a fait là un hommage vibrant à la mémoire de ses aïeux.
La Wool War 1 c'est aussi et surtout Anna, à l'origine du projet.
Elle nous a raconté son parcours depuis le blog et l'affaire DSK.
Elle nous a parlé de ce projet, des attentes du musée et de la manière dont elle a appréhendé le sujet, sa visite des cimetières de la Somme, le choc en réalisant le nombre de croix blanches et en apprenant que sous chaque tombe, il n'y a avait pas un mais deux soldats !
Elle nous a appris qu'elle prévoyait de faire 1000 petits soldats, en n'oubliant aucune des armées qui ont fait cette guerre.
1000 soldats en laine, sans aucune arme, pour montrer non les batailles, les victoires, mais ces millions d'hommes, humains dans la masse, fragiles comme peut l'être la laine, les mains dans le dos, courbés vers l'avant, pliant sous le poids de cette guerre sans raison, ni ennemi.
Cette guerre mondiale, on la retrouve aussi à travers les stèles aux morts même à Terre Neuve, de l'autre côté de l'Atlantique.
Elle nous a dit que nous étions un peu plus de 500 tricoteuses et 1 seul tricoteur, Brestois. Nous venions de partout du monde, France, Europe, Monde. Notre armée de tricot est à l'image de l'armée de ces soldats de chair.
Certains étaient tricoteurs réguliers, d'autres se sont lancés dans l'aventure et ont appris pour l'occasion. Tous avaient leur raison de la faire cette guerre.
Alors parlons de cette guerre en laine.
Anna a sorti sa valise magique et nous a montré le Poilu ou le Tirailleur Sénégalais en entier.
Pour nous qui tricotions à la chaine des pantalons, des vareuses, des casques, des bretelles, des chaussures, des sac à dos, des besaces, tout cela est devenu réalité, d'un seul coup
Elle nous a passé en revue les diverses troupes
Ici le tirailleur Sénagalais, qui sera dans la version finale, vraiment sénégalais
Le soldat anglais
Le Soldat Belge
Le Soldat Allemand, avec son casque à pointe !!
Ah, nous sommes toutes terriblement enthousiastes d'un coup ! Les appareils photos se déchainent
Mais le meilleur est à venir !!!
Dans sa valise, Anna a des tas de petits soldats tout nus qu'il faut maintenant habiller !
Moi qui ai toujours cru que l'opération inverse était plus excitante, me voilà toute émoustillée !!
Je crois bien qu'il y a une part du plaisir enfantin de jouer à la poupée qui revient !
Voici le poupon tout nu
Il faut maintenant lui ajouter un pantalon.
Ce sera l'un de ceux que j'ai tricoté et que Chantal a ramené pour l'occasion
Attention, c'est un peu vaudou cette histoire, il faut piquer dans le soldat, le pauvre !!
On ajoute ensuite les vareuses.
C'est amusant parce que chacune tricotant différemment, les vareuses ont des tailles variées, tandis que c'est Anna qui tricote seule les 1000 soldats et les habille.
Elle en est à 500 déjà !!
Donc voici mon soldat avec ce qui s'apparente à une robe de chambre qui faut maintenant fermer en cousant
Ah c'est qu'on est studieuses
Moi même qui déteste coudre, je m'y mets sans rien dire
Mais attention, on rit aussi beaucoup
On lui coud la ceinture, puis les bretelles et on ajoute ensuite les chaussures.
C'est magique de transformer un rectangle en chaussure
On accroche ensuite le sac à dos puis la besace
Ah ! mais c'est qu'il lui en faut des accessoires à ce petit Poilu !
Mais comme cela devait être terrible pour le grand Poilu de porter tout cela sur son dos ! Mon coeur se serre un siècle après.
Nous faisons les guêtres
Puis nous attaquons la touche finale : le casque
Ah, il est fini mon petit Poilu, fin prêt à rejoindre les autres.
Il a fière allure debout car les bouts de laine se sont miraculeusement transformés en uniforme.
La lumière a baissé, il en a fallu du temps pour l'habiller.
Et dire qu'Anna en habille 15 par jour !!
Allez, vite, vite il faut rejoindre les autres qui sont déjà en route
Un dernier regard en arrière avant de n'être plus mon soldat à moi, mais un parmi d'autres
Il rejoint maintenant les autres pour la photo de groupe
Il y a aussi une toute nouvelle infirmière, non prévue au départ
Elle est magnifique
Bravo pour cette riche idée !
Ah mon petit Poilu, je te repère encore dans la troupe, tu es tout derrière, un peu timide encore.
Je te donne rdv en janvier prochain pour l'expo à Roubaix. Je dois maintenant tricoter d'autres ceintures, bretelles, chaussures mais aussi sac à dos.
La guerre continue et les Woolstock aussi. Les autres dates sont à la fin de mon post précédent.
Ah, décidément j'aime la guerre en laine des femmes, elle est si douce et elle unit les hommes
Céline a fait poser également une Canne-Bière et le fameux Porc de Marseille, mascotte des tricoteuses dissidentes du groupe de tricote Marseille, avec les Soldats d'Anna, pour qu'ils puissent garder un souvenir de cette après midi sur la Cannebière près du Port